Le monde a tellement de problème que ses enfants se meurent dans l'indifférence de la foule.

Chaque jour il y a trop de soucis, trop de morts, trop de crimes, trop révoltes ou de révolutions pour qu'on aie le temps de remarquer l'autre, juste à coté, qui ne parle plus depuis très longtemps.
Son silence n'affecte plus personne car le bruit de la foule a, depuis longtemps, tué sa voix. Lentement il s'efface pour laisser, chaque jour, un plus de place aux crises: politiques, écologiques, économiques, morales, religieuses... Il y a en a tellement que l'espace physique ne suffit plus pour en parler, il faut aussi un espace virtuel pour les ressasser. Elles sont partout, incrustées dans notre quotidien notre quotidien comme la tasse de café que nous prenons tous les matins.

Entre temps, la voisine d'à coté a perdu son sourire, le vieillard d'en face ne donne plus de blagues, les enfants ne courent plus dans les rues. Il n'y a plus le temps pour prendre soin du jardin de l'autre, l'aider à faire pousser ses fleurs qui fanent ou s’asseoir avec lui pour discuter du temps qu'il fait. Il n'y a plus d'espace pour les tirades ou les détentes conviviales. Le monde a tellement de problèmes qu'il n'y a plus le temps pour les petites choses qui, d'ailleurs, n'ont pas si grande importance ... jusqu'au jour ou elles finissent par perdre tout leur sens et nous laisser un grand trou vide dans l'espace et le regret amer de n'avoir pas mené la bonne guerre.

Valérie Payen Jean Baptiste